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17 février 2021

LE TOP 15 – le classement 2021
des groupes commerciaux et
des groupes privés non lucratifs d’ehpad

Depuis 1998, le Mensuel des Maisons de Retraite édite tous les mois de janvier son traditionnel Top 15 du secteur commercial, classement qui fait référence bien au-delà du microcosme médico-social. Et depuis quelques années seulement, le journal publie aussi chaque automne un Top 15 des groupes associatifs. L’objectif n’est évidemment pas de confondre quantité et […]

Depuis 1998, le Mensuel des Maisons de Retraite édite tous les mois de janvier son traditionnel Top 15 du secteur commercial, classement qui fait référence bien au-delà du microcosme médico-social. Et depuis quelques années seulement, le journal publie aussi chaque automne un Top 15 des groupes associatifs. L’objectif n’est évidemment pas de confondre quantité et qualité. Ici le « 1er » n’est pas forcément « le meilleur » : il est juste celui qui compte le plus grand nombre de lits d’Ehpad.

Nous avons en effet choisi deux partis pris : le premier consiste à exclure de ce classement Résidences-autonomie et Résidences Services Séniors (RSS). Le critère des résidences autonomie n’impacte que les groupes associatifs : en les incluant Arpavie, qui compte une soixantaine d’établissements de ce type, serait n°1 ; en les excluant le groupe lié à la Caisse des Dépôts devient 3ème. Quant à la non prise en compte des RSS, elle impacte peu le classement des groupes commerciaux quand bien même ceux-ci se développent désormais activement dans ce champ. Le second parti-pris consiste, dans le Top 15 des groupes commerciaux, à classer désormais les groupes en fonction de leur nombre de lits partout dans le monde sachant que pour nombre d’entre eux l’activité hors de nos frontières excède désormais l’activité purement hexagonale.

“Les groupes associatifs ont conscience qu’atteindre une taille critique devient désormais nécessaire pour affronter les défis de demain.”

Par ailleurs, et pour la première fois en 20 ans, nous avons souhaité publier ces deux classements, associatif et commercial, dans une seule et même édition. Ne serait-ce que pour comparer l’évolution des deux secteurs. Or, le premier chiffre qui frappe, c’est l’extrême concentration du secteur commercial par rapport au secteur associatif. Les 15 premiers groupes commerciaux représentent en effet plus de 1.200 Ehpad pour 100.000 lits contre 550 Ehpad et 44.000 lits pour les 15 premiers acteurs du secteur associatif, lequel, rappelons-le, représente 28% des Ehpad en France contre 22% pour le secteur commercial. Chiffre encore plus impressionnant : Korian et Orpéa gèrent autant de lits à eux seuls que les 15 plus grands groupes associatifs d’Ehpad. Et encore, ces chiffres excluent à ce stade les établissements situés à l’étranger.

Les champions français à la conquête du monde

Car c’est là l’autre phénomène majeur de la décennie qui vient de s’écouler : désormais les champions français sont devenus des champions européens voire mondiaux. Au point que 7 groupes commerciaux ont en 2021 plus de lits à l’étranger qu’en France. Si l’on considère le taux de lits implantés en France comparés à ceux situés au-delà des frontières, il est de 46% pour DomusVi, de 33% pour Korian, de 29% pour Orpéa, de 31% pour Colisée, de 23% pour Vivalto Vie et de seulement 7% pour Maisons de Famille. Sur les 15 premiers groupes commerciaux, seuls 3 n’ont aucune implantation à l’étranger. On pourra au choix tempêter contre cette mondialisation outrancière ou au contraire être fier que le modèle français des Ehpad s’exporte à l’étranger, en Europe certes mais désormais assez largement en Amérique du Sud.

Mais si les groupes associatifs sont loin d’avoir la taille de leurs homologues commerciaux, ils n’en restent pas moins les bras ballants. Tous ont en effet conscience qu’atteindre une taille critique devient désormais nécessaire pour affronter les défis de demain. Certes, les regroupements et fusions sont ici nettement moins dynamiques qu’ils ne le furent jadis dans le secteur commercial où des groupes étaient capables en une seule acquisition de doubler de volume. Dans le secteur associatif, les progressions se font molto piano. Entre le classement que nous avions effectué en 2016 et celui de 2021, l’effectif de chaque groupe a soit stagné, soit augmenté de quelques unités à peine. Deux groupes font exception : ADEF Résidences et SOS Séniors qui, au cours des 5 dernières années, ont cru respectivement de 8 et 13 Ehpad et conservent des croissances externes dynamiques. Autre exception : la Mutuelle Bien Vieillir qui, en se rapprochant d’Isatis sous le regroupement MBV-Union peut désormais revendiquer d’être passé en quelques années de 20 à 39 Ehpad. Ou l’ACPPA qui, bon an mal an, parvient à progresser de 2 ou 3 établissements par an. A l’inverse, les Petites Sœurs de Pauvres cèdent régulièrement quelques Ehpad et sont passées en quelques années de 60 à moins de 40 Ehpad.

Dans le secteur commercial, même si les acquisitions au sein de l’Hexagone se sont sensiblement ralenties par rapport aux années 90 et 2000, quelques groupes continuent de grapiller ici ou là quelques Ehpad malgré leur coût devenu souvent rédhibitoire. La belle affaire de l’année est à mettre au crédit de DomusVi qui a racheté le groupe normand Les Mâtines fondé en 1996 par un « indépendant », Philippe Vovard, qui à force de développement était parvenu à constituer un groupe de 14 établissements. Ce sont ainsi près de 900 lits qui passent sous la coupe du n°3 français dans une région qui plus est où DomusVi était peu présent. Medicharme fait également exception grâce à l’acquisition de 8 établissements supplémentaires (+ 414 lits) et Orpéa est parvenu à croître son parc de 3 Ehpad supplémentaires. En revanche, deux groupes sont même allés jusqu’à se délester d’établissements : – 6 pour Korian et – 4 pour Emera, deux groupes qui ont par ailleurs été très conquérants en dehors de nos frontières. Pour tous les autres, c’est zéro ou presque, chacun préférant se concentrer sur une croissance à l’étranger.

Là, en revanche, les progressions sont parfois impressionnantes.

  • 53 établissements supplémentaires pour Korian, soit + 2.518 lits répartis notamment entre les Pays-Bas (25 ets) et l’Allemagne (18 ets).
  • 32 établissements de plus pour Orpéa (+ 3077 lits) qui confirme l’extraordinaire variété de ses implantations puisqu’après la Chine, la Pologne, le Brésil ou le Chili, voilà Orpéa présent en Irlande (10 éts), en Lettonie (+1), en Slovénie (+3) et… au Mexique (+1).
  • Comme Korian, DomusVi, le groupe présidé par Sylvain Rabuel, a réussi sa percée aux Pays-Bas grâce à l’acquisition des 10 établissements (245 lits) du groupe néerlandais Martha Flora.
  • Eric Baugas a bien réussi son atterrissage à la présidence du groupe Emera puisqu’il fait en 2020 une remarquable percée en Irlande d’abord avec l’acquisition de 5 établissements (554 lits) et un renforcement en Espagne passant de 4 à 12 établissements pour un total de 1510 lits désormais.
  • Grosse progression également pour le groupe de Daniel Caille puisque Vivalto peut revendiquer 3 acquisitions en Belgique passant ainsi de 30 à 33 établissements mais surtout en Espagne avec le rachat du groupe Solimar (7 établissements pour 930 lits).

Mais surtout, deux groupes qui jusqu’ici n’étaient pas ou peu implantés à l’étranger s’y sont mis. Domidep, outre deux établissements supplémentaires en Belgique, a surtout racheté un opérateur de 15 établissements en Allemagne (1.420 lits). Quant à Omeris, le groupe lyonnais de Laïla Soumali, il vient pour la toute première fois de sa longue vie – le groupe est né en 1989 – de franchir la frontière en rachetant 5 établissements en Suisse.

Le secteur associatif à l’heure des grandes manœuvres ?

Dans un précédent numéro du MMR, nous annoncions l’imminence de grandes manœuvres dans le secteur associatif. Avouons-le, elles n’ont pas tout à fait eu lieu. Il y a un peu plus d’un an Arpavie, la Fondation Partage & Vie et Adef Résidences semblaient se renifler avec pour perspective un rapprochement. Depuis, plus grand chose. De même, Habitat & Humanisme et Coallia avaient annoncé un partenariat en 2018 dont on n’a plus entendu parler depuis. Ce qui n’a pas empêché l’association fondée en 1985 par Bernard Devert, ce fameux promoteur immobilier devenu prêtre, de rebaptiser le 1er janvier dernier La Pierre Angulaire, qui existait depuis 2000, en « Habitat & Humanisme Soin », gestionnaire de 40 Ehpad.

Un rapprochement a toutefois eu lieu cette année, fruit de la fusion entre la Caisse Centrale créée en 1923 par des industriels lyonnais et Santé & Bien-Être créée en 1982 par la Compagnie des Filles de la Charité. La fusion sous le nom d’Itinova est effective depuis le 1er janvier 2021 : 23 Ehpad pour 1.700 lits.

A défaut de regroupements, il va donc falloir compter sur des croissances externes. Or, sur ce plan, certains acteurs semblent plus conquérants que d’autres.

Le groupe SOS Seniors, à l’évidence, a la bougeotte. Il est sur tous les fronts et sur toutes les reprises. Parfois même, comme d’autres, ils tentent de conquérir les conseils d’administration. Une quête qui porte ses fruits puisque le groupe de Jean-Marc Borello et de Maryse Duval est aujourd’hui l’entité qui progresse le plus vite. Adef Résidences est également active en matière de développement : 9 établissements supplémentaires lors des 5 dernières années. La Croix-Rouge se remet aussi dans une posture plus conquérante après avoir passé la dernière décennie à nettoyer les écuries d’Augias. Alors qu’il y a 10 ans la Croix-Rouge était dans un bien piètre état – établissements mal gérés, services à domicile parmi les moins performants -, la nouvelle équipe en place depuis quelques années a tout remis en ordre faisant de l’association un parangon de modernité ce qui, avouons-le, n’était à l’époque pas joué d’avance. La Croix-Rouge est ainsi en pointe en matière « d’Ehpad hors les murs », son dispositif Ehpad@dom se déployant désormais sur 7 territoires et ayant lancé un Lab 21, un « accélérateur d’innovation sociale ».

Quant à la Fondation Partage & Vie qui avec 86 Ehpad occupe la tête du Top 15 associatif, elle a des fourmis dans les jambes. Il faut dire qu’elle avait été très gourmande au milieu des années 2000 en progressant très vite. Il lui avait ensuite fallu faire une pause pour digérer une croissance rapide et massive. Mais dix ans plus tard, Dominique Monneron, le directeur général, s’est lancé dans un plan stratégique qui prévoit environ 5 reprises par an pendant 5 ans. De quoi conforter cette place de leader du but non lucratif. Juste devant ou à côté d’Arpavie qui continue de compter plus de 120 établissements même si les deux tiers sont des résidences autonomie (cf. interview de son directeur général page 21).

D’autres associations, pour faire moins parler d’elles, n’en sont pas moins solides. Né début 2019 du regroupement des Ehpad qui relèvent de l’Agirc-Arrco, Univi revendique aussi sa volonté d’acquérir de nouvelles résidences après que les caisses de retraite aient été beaucoup moins actives ces dernières années sur le front des Ehpad. L’Association Monsieur Vincent, dont la création date de 1994, est typique de ce que le secteur associatif sait mieux faire que le commercial : la diversification. Outre des Ehpad et des Ehpa, l’Association gère des Ssiad, des équipes spécialisées Alzheimer, des accueils de jour, des services de portage de repas et même une Maia. Même constat pour la Fondation COS dirigée par Raphaël Diaz. Cette fondation, créée en 1944, s’est discrètement développée mais s’est surtout fait remarquée par ses nombreuses innovations sur le terrain. Domotique, Ehpad hors les murs, Ehpad Pôle Ressources, plate-forme territoriale, balluchonnage, PASA de nuit, habitat inclusif et résidence intergénérationnelle : partout en France, la Fondation teste et expérimente. Quant à Edenis, une association historiquement liée au 1% logement, elle continue de se développer au sein du seul département de Haute-Garonne où elle concentre plus de 1.600 lits.

Un mercato plutôt calme en 2020

Dans le secteur commercial, l’année 2020 fut aussi calme sur le front des acquisitions hexagonales que sur le plan des changements de direction. Seul Colisée a changé d’actionnaire de référence : en Août dernier en effet EQT, un fonds d’infrastructures suédois devenait majoritaire. Mais en matière de capital, le top 2021 recèle tout de même une caractéristique incroyable : un nom s’y retrouve trois fois… Yves Journel, actionnaire tout à la fois de Domus Vi, de Sedna puis d’Emera. L’ancien président du Synerpa, entrepreneur de génie depuis le mitan des années 80, est égal à lui-même : plus il est discret, plus il est partout !

Les changements de dirigeants ont aussi été assez limités en 2020. Korian compte un nouveau Président, Jean-Pierre Duprieu, ancien dirigeant d’Air Liquide mais aussi un nouveau directeur général France en la personne de Nicolas Mérigot qui chapeaute désormais les activités sanitaires et médico-sociales du leader français. Colisée a depuis le 1er février une nouvelle directrice générale France en la personne de Anne-Catherine Péchinot (cf. encadré). Quant à Jean-Claude Brdenk, ancien directeur général d’Orpéa, il ne figure plus sur ce tableau pour la première fois depuis 1998 après avoir quitté le groupe en novembre dernier.

Evidemment, la porosité des dirigeants entre les deux secteurs reste totale et absolue. On n’a jamais vu ou presque de dirigeant de groupe associatif basculer vers le commercial ou l’inverse. Seule exception notable : Jean-François Vitoux passé en quelques années de la direction générale de Domus Vi à celle d’Arpavie. Cela valait une interview. La voici en page suivante.

Luc Broussy

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TÉLÉCHARGER LE CLASSEMENT 2021 DES GROUPES PRIVÉS NON LUCRATIFS


Une (autre) femme à la tête de Colisée

Plus besoin de présenter Christine Jeandel, celle qui, après avoir dirigé Medica France pendant 15 ans et présidé le Synerpa quelques mois, a pris les destinées de Colisée en main en 2014 pour, depuis, en doubler la taille en France et exploser les compteurs à l’étranger. Elle vient de choisir pour prendre la direction générale France de Colisée Anne-Catherine Péchinot. Cette ancienne directrice générale de Homebox, Gîtes de France et Rent-A-Car est aussi une spécialiste de la transformation digitale.

Après Sophie Boissard (Korian), Delphine Mainguy (Maisons de Famille), Laïla Soumali (Oméris), Agnès Audier et Maryse Duval (SOS Séniors), Viviane Chabbert (MBV) ou Laure de la Bretèche (Arpavie), elle ne sera que la 8ème femme à apparaître à un poste de direction générale ou de présidente sur … les 60 noms figurant dans ces deux Top 15. Bref : un secteur encore terriblement en retard dans ce domaine.


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