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3 janvier 2020

Bienveillance active

paru dans Le Journal du Domicile

Agisme ? L’expression est elle-même étrange. Alors que le jeunisme consiste à donner une plus grande considération aux jeunes ou à leur mode de vie, que le féminisme correspond à la défense du droit des femmes, l’âgisme désigne la discrimination envers les personnes âgées. Comme si l’inverse – le fait de glorifier les personnes âgées- eut été impensable dans nos sociétés.

Toujours est-il que si le terme date de la fin des années soixante et nous vient des Etats-Unis, il fait partie du glossaire Stop discrimination publié par L’Union Européenne et est donc communément admis sur le vieux continent, mais pas forcément toujours bien traité.

Il méritait donc un focus particulier, c’est en partie chose faite avec le rapport confié par Edouard Philippe à Audrey Dufeu-Schubert, Députée de Loire atlantique et infirmière de profession. Tombé au milieu des grèves, sa médiatisation n’aura été que toute relative, ce qui est bien dommage puisque l’idée était de sensibiliser le grand public. Foisonnant d’idées, à défaut d’avoir une colonne vertébrale forte, on ne sait pas si le rapport fera date, mais le sujet est réellement central.

Un exemple ? Sur Kombini news une vidéo montrant une française en parfaite santé qui a programmé son suicide assisté en Suisse avant l’âge de 75 ans, fait plus de 16 millions de vues… Certains arguments employés pour mettre fin à ses jours peuvent choquer, d’autres, sur le risque de maltraitance et d’infantilisation méritent d’être entendues. Pas sûr d’ailleurs que parler de « discrimination positive » ou de proposer des « grey games » soient les propositions les mieux pensées du rapport Dufeu-Schubert.

Car le fond du problème n’est pas de faire des personnes âgées une catégorie à part, mais au contraire de leur accorder la même considération qu’aux autres, le respect dû à l’âge en plus. Certes, cela demande quelques aménagements, en termes d’accessibilité par exemple, mais les questions matérielles et techniques ne sont pas les plus complexes. Non, le réel sujet porte sur le regard posé sur les personnes âgées et l’aide à l’accomplissement du projet de vie pour cette nouvelle tranche de vie.

Alors, à l’entame de cette nouvelle année et pour une fois, ne parlons pas d’argent ni de moyens à consacrer au grand âge, mais de bienveillance active envers les séniors, plutôt que de discrimination positive. Une bienveillance de tous les instants, de tous les angles de vue et de toutes les positions que nous puissions occuper dans la société.

Longue vie à nos ainés et à ceux qui les accompagnent ! Belle et heureuse année 2020 !

Patrick Haddad
Rédacteur du Journal du Domicile


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