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28 avril 2022

100 jours et 3 étapes

paru dans Le Journal du Domicile

La loi Grand âge et autonomie aura été l’arlésienne du quinquennat qui s’achève. Moults fois annoncée, moults fois reportée, avant d’être abandonnée en rase campagne. Le gouvernement a ainsi expliqué que les lois de finances permettraient de porter des réformes importantes. Mais, malgré des avancées réelles, les professionnels du secteur restent sur leur faim et réclament une grande loi dans les 100 premiers jours du gouvernement en cours de formation.

Rien de moins que quatorze fédérations associatives* ont ainsi lancé la veille du premier tour des élections présidentielles un appel en ce sens dans les colonnes du Journal du dimanche. Tout en reconnaissant que des « mesures historiques » comme la création de la branche autonomie ou la revalorisation des métiers du grand âge ont été prises, elles déplorent leur insuffisance face au « défi démographique » qui s’annonce : le doublement dans les 20 ans qui viennent des personnes de 75 ans et plus, alors que le secteur du grand âge est déjà à la peine aujourd’hui, faute de moyens humains et financiers.

Les auteurs l’affirment à juste raison, l’accompagnement « aura un coût pour la collectivité. Mais ce coût sera bien moins grand que celui de l’immobilisme, qui entraînerait des dépenses subies considérables ». La logique préventive donc, plébiscitée par tous, mais qui reste balbutiante. Les symboliques 100 premiers jours du gouvernement sont donc très attendus, entre autres, par ces 14 fédérations.

Le récent « collectif de l’aide à domicile » a lui aussi profité de la période électorale pour porter une ambition pour le secteur. Plus précise qu’une simple tribune, la vingtaine de propositions, ciblées domicile donc, est l’aboutissement d’un travail de six mois : fusion de l’APA et de la PCH, attractivité des métiers, revalorisation salariale, meilleure gestion de l’amplitude horaire, développement de véhicules de service, mise en place de cartes professionnelles, gratuité des transports, etc. Tout ou presque y est traité. Le collectif demande aussi que les SAAD puissent fonctionner de manière plus autonome dans la définition, la conception et la mise en place des interventions en fonction des attentes et besoins des personnes.

Ces propositions ont fini par trouver un certain écho dans le programme du candidat Macron, qui propose à l’échelle du quinquennat : d’autoriser 100.000 places alternatives aux établissements d’ici 2027, de soutenir le maintien à domicile via une prime « Adapt » qui prendra en charge jusqu’à 70% des coûts des travaux d’adaptation pour 500.000 personnes âgées, d’augmenter le nombre d’heures d’aide à domicile par semaine, de simplifier la coordination des intervenants à domicile ou encore d’accorder deux semaines de répit aux aidants. Autant de bonnes intentions qui restent très largement à concrétiser.

S’il est vrai que de Covid en guerre en Ukraine, le calendrier aura été objectivement chamboulé, l’accompagnement du grand âge aurait toutefois pu être érigé en priorité politique. Et rien ne prouve qu’il le sera en début de mandat tant les sujets sociaux sont nombreux, les exigences générales  élevées et l’agenda toujours serré. Or, comme les personnes âgées ne constituent pas franchement un groupe de pression, il n’y a aucune garantie que l’entame du quinquennat leur soit dédiée. Si on y ajoute le risque de cohabitation, l’horizon ne s’éclaircit pas franchement dans le chamboule-tout qui s’annonce. Au fond, seul le scandale des Ehpad maltraitants peut mettre le focus sur de meilleures modalités d’accompagnement du vieillissement. Charge au domicile, au sens large, y compris l’habitat inclusif, d’être crédible et convaincant.

Une feuille de route que l’on peut donc résumer en trois étapes : 1) montrer à l’aune de la crise des Ehpad qu’un autre mode d’accompagnement du vieillissement est possible : le domicile 2) ériger un modèle domiciliaire qualitatif et soutenable 3) convaincre les pouvoirs publics de la pertinence du modèle proposé et obtenir ainsi les moyens nécessaires. Ce début de quinquennat, aussi complexe soit-il, constitue à cet égard un véritable challenge.

*Adedom, ADMR, AD-PA, Fedesap, Fehap, FESP, FHF, Fnaap/CSF, Fnadepa, Fnaqpa, FNMF, Synerpa, UNA, Uniopss


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